Essayons de définir le mobilier d'art déco

Avant de lire ce qui suit, nous vous conseillons la lecture de la page Wikipédia sur l'art déco qui présente le mouvement dans son ensemble. Pour admirer des objets de cette époque, vous pouvez consulter la base de données OPAC.

Le style art déco est une ré-interprétation moderne du classicisme : le mobilier de ce style sont symétriques, rectiligne et épurés. La décoration et gravure du mobilier Art déco est relativement modeste ; le regard est épurée et simplifiée ; le bois est détaillée avec des formes géométriques épurées, des sphères, des trapèzes, des chevrons. Les œuvres de ce style veulent atteindre la perfection visuelle par l'intermédiaire de leurs matériaux riches et exotiques. Il s'agit de produits de luxe, produits par une nouvelle classe de riches fabricants qui voulait un nouveau look, réalisé et maîtrisé par eux.
Le terme Art déco est dérivé du nom de l'exposition de Paris en 1925 qui a présenté le mouvement au monde entier: "Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes ». La vedette de cette exposition était le décorateur Émile-Jacques Ruhlmann qui a utilisé des éléments décoratifs tels que de la laque et des placages de bois exotiques comme le padouk et le palissandre. Ses pairs inclus le designer René Lalique spécialiste du verre ; l'architecte d'intérieur élégant Jules Leleu ; Maurice Dufrène (les pieds de chaise et de table cannelés néoclassiques sont un élément essentiel de son travail) ; Paul Follot (dont la signature est le feuilletage doré et argenté) ; l'équipe de Süe et Mare (tous deux étaient des peintres, ils ont créé des pièces sensuelles utilisant les courbes et des éléments Rococo) ; et André Groult (qui aimait les formes voluptueuses et bombées).

Le terme « Art déco » est souvent utilisé de manière abusive, pour décrire le travail des créateurs dans des styles associés ou auxiliaires. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l'Art Déco américain qui est également nommé « Streamline Moderne » ou « Machine Age design». Aux Etats-Unis, le design élégant et épurée de Donald Deskey, Paul Frankl, Gilbert Rohde, Norman Bel Geddes et d'autres a été fortement influencé par le mouvement Français, mais était plus une expression de la vision avant-gardiste américaine. Le terme est souvent utilisé pour décrire un style d'une modernité affirmée : solide, élégant, chic et un peu tape à l'œil.

L'exposition de Paris en 1925

Poster de l'exposition Plusieurs expositions internationales ont contribué à promouvoir l'Art déco, mais la plus importante est l'exposition de Paris de 1925. Officiellement intitulé l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes, elle est dédiée à l'affichage des arts décoratifs modernes. L'exposition a rassemblé des milliers de dessins de toute l'Europe et au-delà. Avec plus de 16 millions de visiteurs, elle a marqué le point culminant de la première phase de l'Art déco.
L'exposition a été guidée par les ambitions de la France dans les années qui ont suivi la première guerre mondiale (1914-18). Cet élan a tout d'abord été engagé dès 1901 avec la création de la Société des Artistes Décorateurs ↩. Son but était d'établir la prééminence des marchandises de luxe et du goût Français. Les affiches françaises étaient très présentes durant l'exposition et Paris lui-même a été mis en avant comme la plus en vogue de villes.

Les pavillons des principaux fabricants, magasins et designers ainsi que les allées de boutiques, séduisaient les visiteurs de la foire durant la journée. De nuit, ses portes monumentales, ponts et fontaines ainsi que les monuments majeurs de la ville furent comme un éclat de lumière. La Tour Eiffel portait alors le logo de Citroën. Ce triomphe de l'ingénierie du XIXe siècle fut transformé en une publicité géante pour le consumérisme du XXe siècle. Tour Eiffel décorée Citroën
Le règlement pour les exposant stipulé la nécessité d'une inspiration « moderne ». Il y avait beaucoup de design nouveaux, mais les concepteurs et les fabricants ont été réticents à abandonner le traditionnel. Néanmoins, si les expositions étaient du traditionnel modernisé ou « moderniste » de caractère, ils ont aidé à établir les thématiques et règles formelles que l'on attribue à l'Art Déco. Cette exposition a immédiatement eu un impact mondial considérable.

L'hôtel d'un collectionneur

Photo du pavillon L'Hôtel d'un Collectionneur a été le projet le plus ambitieux édifié par un designer individuel et un des plus acclamées de l'exposition. Celui-ci abritait une suite de chambres élégantes, conçues par le principal fabricant de meubles Français (ébéniste), Jacques-Emile Ruhlmann. Pierre Patout conçu le pavillon, avec une vaste salle ovale, le Grand Salon, comme point focal. Ruhlmann a réuni de nombreux grands artistes et designers pour décorer le Salon, dont Jean Dunand, Jean Dupas, Antoine Bourdelle et Edgar Brandt.
Sa décoration somptueuse, riche en couleurs et élégante tout en modernisant les formes traditionnelles ont conduit beaucoup de critiques à considérer le Grand Salon comme la plus grande réussite française en Art déco. Plusieurs œuvres à l'intérieur, notamment le cabinet « Âne et hérisson » et le tableau Les Perruches de Jean Dupas sont devenus des icônes de l'Art déco.

Boutiques et grands magasins de l'exposition de 1925

Tête mannequin expo 1925 L'exposition visait à établir Paris comme le centre du monde pour faire du shopping. Sur le Pont Alexandre III et dans la Galerie des Boutiques, les magasins vendaient les produits de luxe grâce à des vitrines soigneusement arrangées. En même temps, cela a fait naître une nouvelle génération de mannequins de mode. Les plus innovantes ont été les œuvres de Siégel et Pierre Imans, qui étaient inspirées par l'art cubiste avec des formes abstraites d'avant-garde. Ils ont également expérimenté de nouvelles finitions de surface comme le miroir ainsi que la cire noire luisante.
La renouveau concernant la mode était visible dans le pavillon officiel de l'Elégance ainsi que dans les expositions organisées par des créateurs individuels tels que Paul Poiret et Sonia Delaunay. Dans les pavillons des principaux grands magasins, un mobilier moderne et chic était disponible à des prix abordables.

Les pavillons étrangers

De nombreux pays européens ont participé à l'exposition de Paris, y compris la Grande-Bretagne, l'Autriche, les Pays-Bas, la Hongrie, la Pologne, la Tchécoslovaquie, l'Italie, l'Espagne, la Suède, le Danemark et l'ex URSS. D'autres régions du monde étaient moins bien représentées mais surtout l'Allemagne et les Etats-Unis étaient absents.
Bien que le règlement de l'exposition insistait sur la nécessité pour les exposants sur l'inspiration « moderne », cette règle n'a pas toujours été observée. Chez certains exposants Français et internationaux, il y avait une tension qui a mis mal à l'aise les designers issus de la tradition et ceux qui n'avaient pas de précédents dans l'histoire. L'innovation décorative qui a existé le temps de l'exposition fut parfois de courte durée. Dans de nombreux pays européens en effet, il a finalement cédé à un retour à la tradition ou à une évolution vers plus fonctionnalisme, c'est le mobilier de design moderne ↩.

Jules Leleu - Tabouret CURULE, 1923

Maurice DUFRÊNE - Bureau modèle Goncourt, 1925

Paul Follot - Bergères en bois sculpté, ????

Peinture du Grand Salon par H. Rapin et P. Selmersheim, 1925

Jean Dupas - Les Perruches, 1925

Gilbert Rohde - Bureau, 1933

Pierre Chareau - Bureau-bibliothèque de l'Ambassade française, 1925

Gio Ponti - Chaise Superleggera, 1955